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Dans le contexte mondial tourmenté actuel, quels sont les défis majeurs auxquels l’Europe est confrontée ? Et quels peuvent être l’influence et le rôle du Parlement européen que nous sommes appelés à renouveler le 9 juin prochain ?  La déclaration en date du 13 mars des évêques européens de la COMECE, pour qui « le projet d’intégration européenne, initié il y a plus de 70 ans, doit être soutenu et poursuivi », nous invite au discernement.



Les Semaines Sociales de Rueil, associées aux représentants dans les Hauts de Seine du Mouvement Européen, a accueilli pour une soirée d'échange le 2 avril un député européen de premier plan : Pascal Durand, qui termine son deuxième mandat au Parlement européen où il a siégé dans trois groupes parlementaires différents, et ne se représente pas, ce qui lui donne une expertise et un recul précieux. Appréciez sa sincérité et son engagement grâce au replay ou au compte rendu disponibles sur notre site internet : https://semsocrueil.com/2024/03/14/quels-defis-pour-leurope-quels-pouvoirs-pour-le-parlement-europeen/ .

  • SSF

Vous trouverez ci-après les comptes-rendus du cycle de débats organisé à Strasbourg en janvier-février sur le thème toujours d’actualité de la fin de vie, par une petite équipe e l'Antenne des SSF locale, le CEAS d’Alsace (Centre d’Étude et d'Action Sociales d'Alsace). Les trois articles ont été publiés dans L’Ami Hebdo. Des vidéos intégrales ont été captées, vous trouverez les références en fin d’articles.



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AMI_ADP_HP_art 1 20240128_03
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Semaines sociales de Paris, sans-toit, mais pas sans toi !


La lutte contre le sans-abrisme, c’est redonner une dimension et une dignité humaine à celui ou à celle qui semble avoir tout perdu.


La Conférence était organisée par les Semaines sociales de Paris en la paroisse Saint Honoré d’Eylau le 2 décembre 2023 avec l’autorisation du Père Antoine d’Audeville. Des associations comme « Hiver solidaire », « A la rue », « Sainte Geneviève » sont très présentes dans la vie de la paroisse.

L’intervenante était Mme Noémie CAPONNETTO, auteur de l’ouvrage : « Voyage dans la France Solidaire » aux éditions L’Harmattan (2023).

Noémie CAPONNETTO est diplômée de Sciences-Po Paris. Professionnelle de l'action sociale avec une connaissance du secteur public liée à une expérience professionnelle antérieure dans un cabinet d’audit réputé, elle a acquis une expertise approfondie du bénévolat, du montage de projets solidaires et des partenariats inter-associatifs. Elle travaille depuis plus de dix ans sur le terrain, dans toute la France en lien avec de nombreuses associations de solidarité et au contact d’équipes de bénévoles et de salariés. Noémie apporte aussi sa contribution à l'Institut ISBL qui œuvre pour promouvoir l’entrepreneuriat associatif comme force de transformation sociale.


Introduction : Les associations au défi d’une nouvelle vague de pauvreté.

Selon le rapport 2023 de la Fondation Abbé Pierre sur le mal-logement, environ 330 000 personnes se trouvent sans domicile, c’est-à-dire « sans abri, en habitation de fortune, en hébergement collectif, à l’hôtel, en centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA) ou hébergées dans un logement associatif ». Un chiffre qui n’est qu’une estimation imparfaite, dans un contexte où les dernières données de la statistique publique remontent à 2012. L’INSEE avait évalué alors à 141 500 le nombre de personnes sans domicile en France métropolitaine, ce qui représentait déjà une augmentation de 50% par rapport à 2001. Le nombre de sans-abris aurait donc doublé, au vu de ces estimations, en l’espace de dix ans. Les associations n’ont pas bénéficié, pour leur part, d’un doublement de leurs moyens. Les défis sont immenses pour les associations de lutte contre la pauvreté. L’engagement est plus que jamais nécessaire pour répondre à une exigence morale et humaine.


1. Les nouvelles figures de la pauvreté

Il existe différentes formes de pauvreté. La plus tragique est la pauvreté qui se manifeste par l’absence de toit. Quand on a plus de chez-soi, on est exposé à tous les dangers, toujours.

Parfois, le sans-toit est sans emploi, mais ce n’est pas toujours le cas. Un travailleur pauvre peut vivre dans la précarité, par exemple en dormant dans une voiture.

Souvent, cependant, l’extrême pauvreté est synonyme d’hébergement d’urgence et de vie dans la rue et de nuit sous la tente.

La pauvreté depuis vingt ans, malgré les efforts des associations et des pouvoirs publics, a considérablement et durablement augmenté. Les visages de la pauvreté ont aussi changé. Le prototype du « sans domicile fixe » (SDF) était un homme relativement âgé, souvent alcoolique. Désormais, ce visage est nettement moins présent dans la rue. En revanche, on y retrouve beaucoup plus facilement des femmes, des jeunes, y compris des étudiants, et des étrangers « sans-papiers ». On y retrouve aussi d’anciens détenus. Ce sont aussi d’autres pratiques addictives qui s’y rencontrent, parfois dévastatrices. On meurt souvent jeune quand on est à la rue.

Les femmes représentent environ un quart des SDF. Elles sont à la rue parce que victimes de toutes les violences. Elles sont à la rue les proies de toutes les violences. Les femmes SDF vivent dans une insécurité permanente. Elles pratiquent pour se protéger des stratégies d’évitement social, allant même jusqu’à dégrader leur corps par une absence volontaire d’hygiène.

Les femmes qui se retrouvent dans une situation d’extrême difficulté sont les femmes avec des enfants en bas âge. La crainte d’un placement des enfants les conduit à éprouver des réticences à l’égard des institutions, ce qui ne facilite pas leur prise en charge.


2. Face au sans-abrisme, les associations recherchent au-delà de tous les soins nécessaires à redonner toute sa dignité humaine à toute personne « à la rue ».

Face à des situations très dures et susceptibles d’empirer, les associations caritatives ont pour premier objectif de recréer du lien social, d’établir une relation de confiance et de rétablir toute la dignité humaine de la personne sans-abri.

Le sans-abrisme, ce n’est pas simplement une question de moyens ; c’est avant tout une question de dignité humaine. Quand une association caritative, comme l’Ordre de Malte, par exemple, offre à ceux et celles qui le souhaitent et dans le respect de leur confession, un accompagnement spirituel, elle offre une force intérieure à la personne sans-abri qui est d’une autre nature que l’hébergement d’urgence, mais qui, d’une certaine façon, l’héberge aussi.

Certaines missions des associations caritatives sont connues : favoriser l’hébergement d’urgence et offrir des repas aux plus démunis. Mais les missions essentielles ne s’arrêtent pas là. Prendre soin, c’est aussi offrir des soins de santé. Le corps des sans-abris est souvent délabré. Les maladies de peau ne sont pas rares. Les maladies psychiques aussi. Vivre à la rue, c’est aussi souvent ne jamais se rendre dans un cabinet médical ou dans un hôpital. Le personnel médical qui participe aux maraudes, dans ces conditions, est essentiel pour garantir un minimum de soins aux « sans-abris ».

Une autre mission essentielle consiste à accompagner les personnes sans-domicile fixe dans l’accès aux droits. Méconnaître ses droits, c’est aussi méconnaître les aides dont les sans-abris peuvent disposer et ne pas parvenir à sortir de l’insécurité de la rue.

La mission des associations consiste, en effet, non seulement à offrir des secours de première nécessité et à prendre soin, mais aussi à accompagner les personnes « sans-abri » pour sortir de cette situation.

L’objectif non pas ultime mais en réalité premier des associations qui luttent contre la pauvreté est de donner les moyens aux pauvres de ne plus être pauvres.

C’est pour cette raison que les associations cherchent à ce que les sans-abris sortent de l’hébergement précaire ou de l’hébergement d’urgence pour un hébergement durable. L’hébergement durable autorise la réinsertion sociale et permet de trouver du travail, après une mise à niveau professionnelle.

L’hébergement durable ne doit pas être pensé comme la marche ultime du parcours d’insertion, mais au contraire, comme la première marche de ce parcours.

Quant à la création d’un revenu universel de base, il s’agit d’une option qui peut être légitimement posée. De fait, déjà, de nombreuses personnes en situation de précarité peuvent bénéficier de l’Allocation adulte handicapée (AAH), allocation compatible avec l’exercice d’une activité professionnelle sous certaines conditions.

Il reste la situation des étrangers en situation irrégulière qui se révèle particulièrement délicate.


3. Les associations se trouvent confrontées à la problématique du renouvellement de génération des bénévoles alors même qu’elles doivent répondre à des besoins en constante augmentation.

Les associations se retrouvent confrontées à de nouveaux défis et à des charges qui s’accroissent dans un contexte plus difficile qu’auparavant : les pouvoirs publics ont tendance à se mettre en retrait de la lutte contre la pauvreté en déléguant de fait cette politique au milieu associatif ; la crise, l’inflation, mais aussi les nouveaux modes d’organisation dans le commerce et dans l’industrie tendent à restreindre les dons en nature.

De plus, les associations doivent faire face à un problème de renouvellement de génération de bénévoles.

L’organisation des associations repose en partie sur des salariés et en partie, sur le bénévolat. Les jeunes générations ne sont pas plus rétives que les anciennes à donner de leur temps pour une association, mais leur engagement s’inscrit moins dans la durée et le temps consacré aux activités bénévoles est aussi plus limité.

Le mécénat de compétences venant des entreprises offre un palliatif qui est loin d’être négligeable, mais qui ne résout pas pleinement la question du renouvellement des bénévoles.

Il sera sans doute opportun que les associations réfléchissent sur leur méthode d’organisation pour optimiser au mieux le temps de bénévolat et pour inciter de nouvelles vocations.

Il reste, par ailleurs, indéniable que face à une demande qui ne cesse de s’accroître et des dons qui ne s’accroissent pas proportionnellement, le bénévole peut avoir l’impression de ne pas accomplir la mission à laquelle il s’est dévoué, ce qui est source de frustration. Ne pas être en mesure de donner un repas à tous ceux qui le demandent heurte en profondeur la conscience de tous ceux et celles qui œuvrent pour lutter contre la pauvreté.

Il n’empêche que le bénévole reçoit toujours plus qu’il ne donne. La relation qui confère une dignité humaine au plus pauvre d’entre nous est aussi une relation qui confère la même dignité humaine à celui ou à celle qui aura porté un regard de respect et de compassion à celui ou à celle qui vit dans la rue. On se grandit mutuellement.

Travailler dans une association de lutte contre la pauvreté, c’est un plaisir et un sacerdoce. On ne finit jamais son travail. Il commence tout juste…


Philippe et Marie-Dominique Garabiol

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